Le caviardage, pourquoi ?
Le caviardage est une technique d’écriture que j’ai mise au point durant mes années d’enseignement auprès d’élèves d’un cycle d’insertion professionnelle par alternance (CIPPA) entre 1985 et 1992. Je me suis inspiré d’une technique littéraire utilisée notamment par l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle institué par Raymond Queneau et François Le Lionnais). Cette technique est connue : en biffant des mots, des syntagmes, des phrases, des paragraphes d’un texte, et ainsi révéler un nouveau texte dont le sens n’a rien à voir avec celui de départ. Mais avant d’être une technique littéraire, le caviardage fut pratiqué par les institutions chargées de la censure sous tous les pouvoirs. Il me plaît de subvertir ainsi une pratique répressive en une pratique émancipatrice de l’expression.
Au CIPPA se trouvait des élèves en grande voire très grande difficulté d’écriture et de lecture. Le passif scolaire de ces élèves leur faisait aborder avec répugnance l’écriture tout comme la lecture. Il est important de préciser, avant tout autre développement, que, dans la perspective constructiviste qui est la mienne, l’écriture est l’opération première d’un processus dont la seconde phase est la lecture : écrire implique la lecture alors que lire n’implique pas l’écriture ; mais l’une ne va pas sans l’autre. Le pôle productif de l’écriture convoque immanquablement le pôle réceptif et compréhensif de la lecture. Soit en figure :
écriture lecture
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Remarquons que cette conception est la même que celle qui a présidé à la « méthode naturelle » d’écriture et de lecture développée par Célestin Freinet au milieu des années 1920 et poursuivie ensuite jusqu’à aujourd’hui par l’ICEM (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne). C’est dans la double filiation de la pédagogie coopérative et du constructivisme épistémologique que, pour ma part, j’ai abouti à la mise au point du dispositif pédagogique du caviardage. Puis, avec Philippe Séro-Guillaume, nous avons développé et approfondi le caviardage du point de vue des apprentissages créatifs du langage.
Il me fallait donc élaborer un dispositif pédagogique qui permette une entrée dans la lecture par la production écrite. Là encore, le point de vue constructiviste pousse à ce que l’action soit aux commandes de l’activité pédagogique.
Je voulais aussi que les élèves puissent entretenir un rapport matériel, expérimental en quelque sorte, avec l’écriture. Comment les amener à comprendre la matérialité du texte ? Comment les amener à éprouver qu’écrire ou lire exige une manipulation ? Comment les convaincre qu’écrire ne relève pas d’une activité d’abstraction mais qu’elle relève d’une activité sensible ? Comment, alors que le passage à l’écrit engendre chez ces élèves angoisse et empêchement à se dire, leur permettre de franchir la barre de cette censure quasi intérieure et s’ouvrir à l’expression pour représenter aux yeux et oreilles des autres leur monde et leurs idées propres ?
Ces questionnements recouvrent en fait des problèmes qui font obstacle chez nombre d’enfants en difficulté d’écriture et donc de lecture à leur entrée dans la modalité scripturale de l’expression linguistique. Le dispositif pédagogique du caviardage ouvre à ce type d’élèves une voie libératrice et il le fait en se fondant sur une opération essentielle, celle de la soustraction ou réduction. Il le fait aussi en rejouant l’action commune aux enfants qui apprennent à parler. Philippe Séro-guillaume le dit très bien : « Le caviardage a le mérite de placer l’élève face à l’écrit dans la position qui est celle de l’enfant face à l’oral. A savoir que l’enfant ne part pas de rien, il construit développe son langage à partir du matériau que lui fournit l’environnement. Et ce, non pas en analysant scrupuleusement telle ou telle tournure mais en s’appropriant les éléments de langage qui font sens pour lui ».
C’est une des raisons, probablement, qui explique que le caviardage permet de vaincre l’angoisse de la feuille blanche. En effet, tout caviardeur part d’une page pleine, noircie de caractères d’imprimerie. De la même manière, le caviardage permet de travailler sur l’ellipse dont la présentation explicite serait un repoussoir pour les élèves. Or, au fur et à mesure que le texte va diminuant, sous l’effet des soustractions successives, les élèves sont confrontés à cette figure rhétorique. Redoutable figure que celle-ci, figure d’un vide appelant son plein de sens. Durant la séquence du caviardage, l’élève travaille cette figure à maintes reprises, sans discours théorique préalable. Et à tout âge il est possible de la travailler ainsi. Comme quoi le travail expérimental sur le langage ouvre les élèves à l’abstraction.
Mais il y a une autre angoisse qui est évitée, celle de la page imprimée qui impressionne. L’arrachage solennel d’une page de livre, au tout début de la séquence de tout caviardage, est essentiel. C’est un moment de désacralisation de l’écrit.
De plus, on part d’un matériau social, puisqu’il s’agit d’un livre réel, édité, publié. C’est l’écrit de quelqu’un d’autre, d’un écrivain. C’est sur ce livre là, réel, que les élèves vont raturer, qu’ils vont s’approprier la page, la détourner -par l’opération répétée et de plus en plus réfléchie de soustraction, réduction- jusqu’à en faire un nouveau texte, jusqu’à en faire son texte à soi, personnel, subjectif, un texte que l’élève va signer. Le caviardage permet de faire prendre conscience à l’enfant, par l’intermédiaire d’une pratique d’écriture, de la réalité du langage : une réalité collective que chacun investit jusqu’à en faire son expression propre. On comprend pourquoi il est si important, pour l’enseignant, de soigner la dimension de groupe de l’activité d’écriture : c’est parce que j’appartiens à un groupe, parce que je suis fait aussi de ce groupe, que je peux, par contraste ou plutôt par singularité active, prendre corps et exister. Le caviardage amène chaque élève à se dégager du texte (et donc du sens) préexistant pour créer son propre texte, son propre sens. On est bien dans une opération de survenue de la subjectivité et cette survenue s’opère par une expression d’elle-même ; et ce, à partir d’un matériau textuel qui n’est pas le sien, qui est d’autrui. Or, soulignons-le, cette pratique de confrontation aux mots d’autrui offre à l’élève l’espace de liberté qui lui permet d’exercer son imagination, d’enrichir son imaginaire.
Le dispositif du caviardage rend possible l’ouverture à l’expression en instaurant le sens comme finalité de la production en s’appuyant sur la discussion et la co-opération des lectures et des réécritures. S’il est vrai que je n’existe que par rapport à l’autre, aux autres, il y a une autre étape nécessaire à la construction de soi par la réalisation d’un texte : celle où ma parole va devenir matériau de construction des autres, de l’autre. C’est pourquoi, au fil des étapes de leur création et en fin d’atelier de caviardage, il est nécessaire d’instituer la déclamation de son texte par chacun et chacune. Ce moment est un moment dramatique (drama c’est l’action) pour l’élève qui met son écrit en mouvement vocal et donc corporel. Mais c’est un moment crucial. C’est aussi bien un moment où chacun donne sa parole au groupe qu’un moment où le groupe, dont l’enseignant, retourne à l’élève ses réactions à la singularité ainsi prise en compte de sa parole.
C’est une manière de rejouer la dimension sociale du langage. Mais, il faut ajouter qu’avec l’écriture, cette dimension peut être aisément portée à la conscience des élèves. En effet, tout écrit exige une forme convenue, soumise aux conventions. Je veux parler, ici de la question de la mise en page qui est une réalité généralement oubliée par l’institution scolaire. C’est une erreur, car la mise en page s’appuie sur la matérialité du texte, elle fait comprendre le langage comme matériau. Les élèves restent obnubilés par la mise en page scolaire (nom en haut à droite dans la marge, matière, classe etc.) donc le moment de la mise en page va être un moment où les élèves font l’expérience de différentes variantes de la mise en page. De plus, avec le caviardage, la mise en page se ramène inévitablement à une nouvelle étude du sens du texte obtenu. On a trop tendance en français, dans l’éducation classique, à négliger la mise en page, ce qui, d’une certaine façon est une preuve du peu de cas de la finalité que l’enseignement traditionnel donne aux écrits qu’il sollicite.
La question de la conservation des brouillons trouve là sa pleine pertinence. C’est par un pas à pas tâtonnant de l’écriture que l’élève accède à son texte final. Les brouillons doivent être gardés et ce n’est pas le plus simple que de faire en sorte que les élèves ne les jettent pas. Conserver la trace de sa progression, voilà une étape que l’enseignement traditionnel, obsédé par le « devoir bien propre et bien présenté » oublie. Or, avec le caviardage, c’est le brouillon qui importe, et la succession des brouillons : classer ses productions est important pour le travail sur le sens et plus même, pour que chaque élève puisse observer l’évolution de son texte, donc pour qu’il prenne conscience du travail du texte. Si au départ, nous avons à pousser les élèves à soustraire du texte, je dirais d’une manière quantitative (d’où la consigne des 75% de texte à caviarder), au fil de l’activité, en revanche, la question du sens se pose de manière toujours plus accrue. Passée la première séance, les élèves s’interrogent sur cet impératif du sens et les demandes à l’enseignant vont nettement dans cette direction.
Le caviardage, Comment ?
Voici le cadre général de toute séquence pédagogique du caviardage telle que je l’ai conçue. Une première présentation en a été faite dans le cadre de nos séminaires pour une pédagogie des apprentissages créatifs du langage au cours d’un dialogue avec Philippe Séro-Guillaume. Elle a été reprise pour constituer le dernier chapitre de notre livre commun A Bas la grammaire, paru aux éditions Papyrus en 2014. Je remercie ici l’insistance mise par Philippe Séro-Guillaume à ce que je mette par écrit les innombrables moutures des ateliers de caviardage menées au cours du temps auprès de groupes d’élèves et de classes. Nous présentons les sept étapes dont on pourrait juger qu’elles constituent la trame générale du caviardage comme dispositif pédagogique fondé sur l’écriture créative. En fonction des élèves et des objectifs, ce déroulement varie. Disons que c’est une trame générale, une séquence type.
Séance 1
La mise en scène a ici une très grande importance. J’annonce aux élèves qu’ils vont créer un texte à partir d’une page d’un livre. Puis passant de table en table, j’arrache ostentatoirement une page de l’ouvrage que je donne à chaque élève. Une fois que tout le monde a sa page, j’annonce : « Vous allez créer un nouveau texte à partir de la page que je vous ai donnée. Pour ce faire vous allez passer au feutre pour les masquer tous les mots que vous ne voudrez pas utiliser. Vous devrez masquer au moins la moitié de la page. Attention vous pouvez masquer au maximum une phrase entière mais pas au-delà. Donc vous ne masquerez pas de paragraphe entier. En outre votre texte sera constitué des passages, mots ou groupes de mots, que vous n’aurez pas raturés et ce, dans l’ordre où ils apparaissent sur la page.» Après que les élèves ont pris connaissance de leur page, je reprends les consignes, réponds aux diverses questions. Surtout je précise : « Ce que j’attends, c’est que la suite des passages non raturés forme un texte cohérent ». C’est la seule exigence pour l’instant : produire par le biais du raturage un texte cohérent
Première Phase
Les élèves travaillent donc sur le caviardage du texte de la page arrachée avec détournement du sens.
*L’objectif ici est double :
– amener les élèves à créer un nouveau texte (grammaticalement correct et sémantiquement cohérent) à partir du texte de la page arrachée et ceci par la seule opération de la soustraction.
– leur faire comprendre l’importance du raturage dans le procès d’écriture
* l’opération linguistique de soustraction ou réduction implique deux opérations mentales : l’attention à la partie, les éléments non raturés, et l’attention au tout du texte à produire puis produit par la mise en relation de ces éléments. Les élèves font ainsi l’expérience d’un texte qui se produit. Les coopérations verbales vont permettre d’objectiver voire de rendre conscients les élèves de ce processus qui est celui de la création de texte.
*Au bout de vingt minutes, chacun lit le texte qu’il a obtenu à partir de l’opération de raturage. Ces présentations donnent lieu à des discussions qui mettent en évidence deux défauts récurrents :
-des élèves restent prisonniers du texte proposé par la page arrachée. Par exemple, ils conservent les noms des protagonistes, laissent entiers certains passages au point que la suite des éléments non raturés, ne s’éloignant que très peu du texte original, se présente comme une version tronquée de ce dernier. Alors j’attire l’attention sur le fait que faute d’un raturage suffisant, il n’y a pas la mise à distance du texte initial. Il s’agit d’amener l’élève à se dégager du texte (et donc du sens) préexistant pour créer son propre texte, son propre sens. On est bien dans une opération de survenue de la subjectivité et ce, à partir d’un matériau textuel qui n’est pas le sien, qui est d’autrui. C’est de là que vient la consigne de caviarder au moins 75% du texte de la page arrachée.
-d’autres, indépendamment de la quantité du raturage, proposent un texte incohérent ou sans signification.
Après cette évaluation collective, par les pairs et par l’enseignant, je demande aux élèves, soit individuellement par écrit soit collectivement avec une prise de notes, de faire la liste des opérations d’écriture réalisées. Elles sont au nombre de quatre :
- lecture
- rature
- relecture
- re-rature etc.
Cette prise de conscience est mise en œuvre à partir du principe selon lequel écrire c’est lire
*Ce premier moment de la séance 1 dure à peu près 45 minutes.
Deuxième Phase :
Les élèves sont maintenant en possession de leur texte caviardé que certains, toujours par caviardage, ont pu reprendre suite à la discussion collective.
Durant cette phase, on travaille sur l’espace de la page et le raturage ou caviardage
Je demande aux élèves de recopier leur page caviardée sur une feuille blanche en laissant des espaces blancs à la place des ratures.
Quand ce travail est achevé, je leur demande de réécrire ce même texte en disposant verticalement les passages sauvegardés durant le travail de raturage. C’est-à-dire en revenant à la ligne après avoir écrit chaque passage conservé.
A la fin de cette séance je demande aux élèves de garder et de numéroter tous les documents de la séance et de celles qui suivront. Et je vérifie qu’ils le font.
* Mon objectif durant cette seconde phase est d’amener les élèves à se saisir de la page comme espace et lieu d’écriture.
* Page de livre raturée, texte manuscrit comportant les mêmes éléments recopiés avec espaces blancs, texte manuscrit les disposant verticalement, ces différentes formes, sous lesquelles apparaît successivement le texte caviardé, permettent à l’élève d’éprouver qu’écrire ce n’est pas seulement aligner des lettres c’est prendre possession de l’espace vide qu’offre la page.
L’évaluation, ici consiste en une discussion collective où les élèves s’interrogent sur les métamorphoses du texte. Le groupe classe interroge donc l’idée que Lire/ écrire c’est transformer
Cette deuxième phase de la séance 1 dure 20 minutes.
Séance 2
Les élèves ont compris, désormais le procédé du caviardage. Je m’assure qu’ils ont bien conservé leurs feuilles (page arrachée du livre, page de notes prises durant la discussion, et les ont numérotées)
Je donne aux élèves une nouvelle page arrachée avec une consigne plus impérative.
« Toujours avec le procédé du caviardage, produire un nouveau texte qui aura un sens radicalement différent de l’original.
Vous réduirez le texte au minimum de moitié.
Le texte ainsi réalisé, devra respecter les critères de grammaticalité. »
Objectif
L’arrachage et le raturage des pages d’un livre visent à désacraliser l’écrit. Cette désacralisation n’est pas gratuite. Elle est nécessaire pour lever les craintes les crispations voire les peurs des élèves face à l’écrit.
*Les opérations travaillées sont :
- La lecture
- La mise en relation de mots
- Le raturage
- L’imagination
- Le discernement (choix des éléments conservés))
* En ce qui concerne l’évaluation je ne me réfère pas à une grille préétablie. Voici ce à quoi, de fait, je suis attentif :
- – le sens du texte caviardé ne diffère pas de celui de la page arrachée,
- – le sens du texte caviardé ne diffère pas vraiment de celui de la page arrachée mais comporte des nuances importantes,
- – le sens du texte caviardé est différent de celui de la page arrachée mais le raturage est trop important (plus de 90% du texte raturé),
- – le sens est différent et l’élève a construit un texte d’une cohérence relative,
- – le sens est différent et le texte élaboré par l’élève est cohérent et grammatical,
- – le sens est différent et le texte élaboré par l’élève est cohérent et grammatical mais ne respecte pas l’ordre des mots,
- – le sens est différent mais l’élève n’a pas réussi à établir une cohérence,
- – le sens est différent mais, bien que l’élève n’ait pas réussi à établir une réelle cohérence, le texte qu’il a élaboré est porteur d’un effet poétique ou esthétique.
* Cette deuxième séance dure 45 minutes.
Séance 3
Les élèves sont en possession de leur second caviardage.
Je m’assure que les élèves ont bien conservé leurs feuilles et les ont numérotées
L’objectif de cette séance est d’amener les élèves à être capables de se libérer de la lettre de leur propre texte. La consigne est la suivante :
« Prenez le second texte que vous avez caviardé et vous allez procéder à nouveau par caviardage. Vous lirez le nouveau texte à la classe ».
J’explique aux élèves que par le jeu du caviardage interne aux mots on peut créer de nouveaux mots (par exemple consigne >consigne>signe ; reluire> reluire>rire) et ainsi enrichir, encore le caviardage.
Au bout d’une vingtaine de minutes, le travail ayant été effectué, je partage la classe en groupes de quatre élèves qui ont pour consigne de discuter du texte de chacun en se basant sur les trois critères suivant:
- cohérence du texte
- capacité à justifier ses choix
- effet esthétique ou poétique
Au cours de cette séance les élèves sont amenés, expérimentalement, à repérer et à accueillir les ellipses, les effets de sens inattendus voire insolites, produits par la raturation –opération de raturer–. Ainsi, ils s’initient par la pratique à la dimension poétique de l’écriture. L’imaginaire est à l’œuvre.
* Cette troisième séance dure 55minutes.
Séance 4
Après m’être assuré que les élèves ont bien conservé leurs feuilles et les ont numérotées, je leur demande de mettre sous forme verticale (comme cela a été fait à la fin de la première séance) le texte qu’ils ont élaboré lors de la séance précédente.
* Je leur demande de lire à haute voix leur texte.
* Ensuite ils doivent expliquer comment ils l’ont construit ; ce qui les a conduit à éliminer tel passage ou tel mot ou bien à le conserver ; comment ils ont géré le télescopage des mots provoqué par la progression du raturage etc.
Généralement à la fin de cette séance les élèves disent à propos du texte disposé verticalement : « c’est comme un poème ». A partir de là et en accord avec le sentiment des élèves je reprends le terme poème pour les textes verticaux.
* L’objectif de cette séance est d’amener les élèves à objectiver le travail du texte. Lors de la phase de redisposition du texte, l’objectif est d’être capable d’utiliser l’espace de la page, et les significations liées à l’organisation de cet espace.
*Les opérations linguistiques travaillées sont la lecture, l’écriture et l’analyse de texte à l’occasion des comparaisons
*La phase d’évaluation se confond avec les discussions qui suivent la lecture par chaque élève de son texte.
* Cette quatrième séance dure 45 minutes.
Séance 5
Je m’assure que les élèves ont bien conservé leurs feuilles et les ont numérotées
Première Phase :
Je leur demande de prendre leur dossier de caviardage pour décrire, en un court texte, ce qu’ils ont fait jusqu’à maintenant et quelles difficultés ils ont rencontrées et ce, en justifiant leur propos :
- comment j’ai créé ce poème ?
- quelles difficultés j’ai rencontrées ?
- qu’est-ce qui me plaît dans ce poème ?
Seconde Phase :
Le second temps de cette séance est consacré à la mise en commun centrée sur les contours de l’acte de création. Les élèves prennent en notes ce que disent leurs camarades.
L’objectif de la séance est d’amener les élèves à objectiver le processus de création du texte
Les opérations mentales sous-jacentes à la réalisation de cette séance :
– La comparaison
– L’observation
– Une ébauche de modélisation empirique de l’écriture du texte
Les opérations linguistiques mises en œuvre sont :
– La réflexion métalinguistique.
– La relecture
– L’écoute et la prise en note qui requiert même modestement une certaine reformulation
* Cette cinquième séance dure 55 minutes.
Séance 6
J’ai regroupé en un recueil les textes verticaux/poèmes lus par chacun et chacune à la séance 4 et sur la création desquels ils ont réfléchi à la séance 5.
Première Phase
Cette phase comporte deux temps :
- a) Chaque élève lit son poème.
Les autres élèves l’écoutent et notent les mots et les expressions qui les frappent, qui leur plaisent.
- b) Les élèves vont chercher dans le recueil leur texte vertical / poème. Ils y introduisent, alors, sans en changer l’ordre, les mots et les expressions empruntés à leurs camarades. En revanche, ils ont toute liberté de supprimer des parties de leur texte et ils peuvent pour les besoins de la cohérence ajouter quelques mots. Chacun écrit un poème à proprement parler.
Seconde Phase :
Les élèves sont répartis en groupes de quatre élèves.
Chacun lit son poème aux trois autres élèves et le groupe donne son avis, propose des modifications éventuelles. L’orthographe fait aussi l’objet de ce travail de groupe.
Troisième Phase :
Cette phase comporte deux temps :
- a) Les élèves, individuellement, reprennent leur texte. Les poèmes sont achevés.
- b) Je lis et relis une liste de mots qui constitue un champ lexical élargi ayant trait au thème traité par exemple le sentiment amoureux[1].
Chaque L’élève y puise le titre de son poème
* L’objectif de cette séance est que l’élève soit capable d’enrichir consciemment son discours par le discours de l’autre
* Opérations linguistiques mises en œuvre :
– L’Ecoute
– L’écriture
– le choix de mots ou syntagmes en liaison avec une visée de création poétique
* Opérations mentales convoquées
– L’attention
– L’assimilation
– la réciprocité (durant la co-correction de la seconde phase de la séance 6)
* Cette sixième séance dure 55 minutes.
Séance 7
Cette séance nécessite que chaque élève ait réalisé chez lui, ou en classe (ce qui suppose une autre séance intercalée) la maquette de son poème avec titre. De manière générale nous évitons les travaux en dehors des séances. La classe dispose par ordre alphabétique du titre les poèmes dans le but de réaliser un recueil poétique qui sera rendu public.
On annonce alors à la classe que ce recueil sera lu lors d’une séance publique du Printemps des poètes.
Durant cette séance, la classe est répartie en différents ateliers (brochage, préparation de la diffusion et lectures des textes).
Un groupe reprend la lecture des textes. D’autres séances seront organisées ultérieurement avant la date du Printemps des poètes.
Un autre groupe réfléchit sur les informations indispensables à fournir pour une publication et nourrit ainsi le travail de réalisation.
Un autre recherche les moyens d’assurer la diffusion du recueil.
Avec les outils présents dans la classe, un autre groupe assure le brochage de l’ensemble des poèmes en un Dictionnaire Harlequin des sentiments.
L’objectif de la séance vise à faire prendre conscience aux élèves qu’un texte n’est achevé que lorsque sont réunies les conditions de sa diffusion écrite comme orale. Ecrire c’est lire et c’est se donner à lire.
* Opération mentale convoquée
– Classer
* Cette septième séance dure 55 minutes
[1] Ceci vaut quand la séquence du caviardage est centrée sur un sujet particulier. Par exemple, dans A Bas la grammaire, la séquence retenue avait débuté par l’arrache d’une page d’un ouvrage de la collection Harlequin. Ce que nous proposons ici y fait référence. Voici les deux ouvrages qui nous avaient servi de support pour le titrage : Barthes, Roland Fragments d’un discours amoureux, Le Seuil, 1977 ; Dictionnaire des sentiments, Syros, 1993