Journal de travail de la séquence 7 de caviardage

Séance 7

15 mars 2019

Septième séance avec le groupe des élèves du dispositif s’ouvrir au sens par l’expression OSE :

Durant cette séance, les élèves lisent leur texte. Pour chacun, on s’arrête sur le sens. Je leur demande quel sens vous voulez faire passer ? Il s’agit pour moi de les amener à se défaire de l’adhérence au texte : à la question quel sens a le texte, nous avons vu à la séance sixième (8 mars) qu’ils avaient tendance à résumer le texte. L’un d’eux d’ailleurs a repris la consigne en disant qu’il fallait donc résumer le texte. Or, ce qui est apparu c’est le manque de conceptualisation c’est-à-dire que l’élève ne s’interroge pas sur quel domaine porte son texte, ni à quoi ce qu’un personnage du texte ou à quoi l’action du texte peut être rapprochée. On peut le dire autrement : comment amener ces élèves à problématiser leurs textes (parfois la question quel problème est posé par le texte ? peut aider) ? Sortir de la paraphrase pour entrer dans un savoir compréhensif. Pour ce faire, j’ai insisté pour que les élèves disent comment ils s’imaginent la scène. Je leur demande quelles images leur viennent à l’esprit quand ils lisent leurs textes. J’ai remarqué que cette proposition (imagine la scène, qu’est-ce que tu vois dans ta tête ?).

Trois raisons président à l’organisation cette septième séance :

– Nous avons remarqué, lors de la sixième séance (8 mars 2019), que les élèves laissaient passer encore des incohérences sémantiques et qu’ils avaient du mal, pour certains d’entre eux, à respecter des règles de cohérence nominale et parfois verbale. Le texte ayant été repris par caviardage, c’est-à-dire par soustraction, il est bon de s’assurer que le nouveau texte est cohérent.

– Par ailleurs, nous cherchons un moyen de permettre aux élèves de réinvestir les dialogues par deux qui ont été mené à la séance sixième du 8 mars. Ces dialogues, on s’en rappelle avaient pour but d’objectiver le sens de leurs textes respectifs. Nous voulions prolonger ce moment métacognitif. Ce moment est, pour nous, l’occasion de faire tenir aux élèves un discours réflexif sur leurs textes sans avoir à employer un métalangage dont l’effet est souvent d’éloigner les élèves de la construction matérielle des textes. Le discours métacognitif, ici, revient à la reconnaissance / mémorisation des transformations effectuées suite aux avis donnés par les autres élèves. Je préfère finalement parler de discours réflexif plutôt que de discours métacognitif ou métalinguistique.

– Enfin, la discussion sur leur texte est pour chaque élève un moment d’é-valuation, c’est-à-dire d’objectivation de la valeur du texte par sa valeur sémantique, c’est-à-dire son sens. Tom l’a très bien compris puisqu’il dit : « mon texte il veut rien dire ».

 

Avant de passer aux observations individuelles, je voudrais préciser l’importance de la situation de dialogue. Je permettrai ici de généraliser des remarques.

Le dialogue est un dispositif clé de la pédagogie pour un apprentissage créatif du langage. Pourquoi insistons-nous tant sur la dimension de l’échange verbal à chacune des étapes de la séquence du caviardage ? Prenons la lecture de sa production (voir par exemple la septième séance, mais c’est vrai pour toutes). L’enseignant doit être rigoureux quant à l’aspect de rituel de la prise de parole devant le groupe : l’élève vocalisateur (transmettant un énoncé oral) ou le dicteur (transmettant oralement un texte écrit) ou alors l’orateur (transmettant un énoncé argumentatif) : l’élève est debout, face aux autres, ou en tout cas il les regarde, les autres le regardent ; une distance les sépare pour que la voix ait à se lever en haute voix ; enfin le locuteur sait qu’un retour sur le propos aura lieu, qu’il lui faut donc transmettre par les moyens de la voix, du rythme le sens de ce qu’il a à dire. Les différents moments de ce genre qui scandent la séquence sont autant de moments d’apprentissage de la prise de parole, de la pose des mots (comme on dirait poser le carrelage ou un parquet) si j’ose dire.

Cette exigence de conception au cœur du dispositif pédagogique du caviardage vise à éviter que l’élève s’enferme dans une lecture univoque qui alimenterait l’état actuel de sa personnalité, de ses comportements verbaux et de ses pensées. En effet, une telle conception met l’élève face à d’autres, donc face à l’Autre ; cet Autre va accueillir le propos, le discours, va donc le rendre légitime. La discussion qui suit la diction de son texte par un élève le mène souvent à donner de la profondeur à son texte, à préciser son propos, à mieux circonscrire le sens qu’il élabore au fil des reprises d’écriture du texte initial. Le personnel et le groupal renforcent mutuellement leur construction, l’individuation et la socialisation, jamais l’une sans l’autre.

Observation du travail des élèves :

Estebane

Vendredi 15 mars 2019 : Cette séance porte sur le sens du texte mis à la verticale puis repris (cf. la mise en page n°4 – MEP4). Mon but est d’aller vers une conceptualisation du propos du texte. Cela suppose, bien sûr, de reconnaître ou de ressentir dans un texte les éléments d’incohérence soit nominale soit verbale. L’étape suivante va être de soustraire ces incohérences du texte, mais ce sera pour une autre séance.

Estebane ne voit pas qu’il passe du il au je. Sinon, l’interprétation est correcte, cohérente. Il a toutefois du mal à vraiment passer à la conceptualisation.

Noah

Vendredi 15 mars 2019 : Cette séance porte sur le sens du texte mis à la verticale puis repris (cf. la mise en page n°4 – MEP4). Mon but est d’aller vers une conceptualisation du propos du texte. Cela suppose, bien sûr, de reconnaître ou de ressentir dans un texte les éléments d’incohérence soit nominale soit verbale. L’étape suivante va être de soustraire ces incohérences du texte, mais ce sera pour une autre séance.

Noah répète son texte et n’arrive pas à s’en détacher pour lui donner un sens général ou lui trouver une problématique. Est-ce par volonté de sécurité qu’il reste ne réussit pas à s’abstraire des mots utilisés dans son texte ?

Sollicité sur le sens des textes lus par les autres membres du dispositif OSE, il s’exprime peu.

Naoly

Vendredi 15 mars 2019 : Cette séance porte sur le sens du texte mis à la verticale puis repris (cf. la mise en page n°4 – MEP4). Mon but est d’aller vers une conceptualisation du propos du texte. Cela suppose, bien sûr, de reconnaître ou de ressentir dans un texte les éléments d’incohérence soit nominale soit verbale. L’étape suivante va être de soustraire ces incohérences du texte, mais ce sera pour une autre séance.

Je lui fais remarquer que sa lecture manque d’une ponctuation qui nous fasse bien saisir son texte. Elle le relit et trouve une bonne ponctuation du texte. Naoly avance, donc, elle entend ce qui lui est dit.

Mon but était de mener Naoly vers une problématisation de son texte. Il y a un début mais Naoly se replie assez vite sur la paraphrase. Mais il y a un début. Cela n’est pas étonnant car Naoly a fait de très bonnes remarques sur le texte d’Estebane.

Tom

Vendredi 15 mars 2019 : Cette séance porte sur le sens du texte mis à la verticale puis repris (cf. la mise en page n°4 – MEP4). Mon but est d’aller vers une conceptualisation du propos du texte. Cela suppose, bien sûr, de reconnaître ou de ressentir dans un texte les éléments d’incohérence soit nominale soit verbale. L’étape suivante va être de soustraire ces incohérences du texte, mais ce sera pour une autre séance.

A la lecture de son texte, Tom omet un mot. Je le lui fais remarquer. Il n’en convient pas. Alors je lui demande de lire la ligne où un mot est dans la marge. Cette fois-ci il convient qu’il a oublié de lire « regard ». A la demande de dire qu’est-ce que tu vois quand tu lis ton texte ? Tom répond « mon texte il veut rien dire ». Je passe donc la parole aux autres membres du dispositif et la discussion est très riche. Paloma voit par exemple que c’est la comparaison présente dans le texte de tom qui brouille le sens qu’on peut donner au texte. Il faut plusieurs interventions des autres membres (que je sollicite, en général) pour que Tom admette que finalement, son texte a du sens.

Paloma

Vendredi 15 mars 2019 : Cette séance porte sur le sens du texte mis à la verticale puis repris (cf. la mise en page n°4 – MEP4). Le texte est dit à l’ensemble des membres du groupe. Mon but est d’aller vers une conceptualisation du propos du texte. Cela suppose, bien sûr, de reconnaître ou de ressentir dans un texte les éléments d’incohérence soit nominale soit verbale. L’étape suivante va être de soustraire ces incohérences du texte, mais ce sera pour une autre séance.

Paloma a fait plusieurs excellentes interventions toutes sur l’interprétation des textes des autres membres. Après la discussion, Paloma re-connaît d’elle-même les éléments incohérents au sein de son texte, ceux qui contreviennent à une interprétation. Elle conceptualise par l’interprétation. Et elle a su le faire aussi sur les textes des autres membres du groupe. C’est elle, par exemple, qui a amené Naoly à voir son texte de plus haut et à sortir de la paraphrase. Paloma se sert de son imagination pour se représenter les scènes décrites ou évoquées par les textes et par son texte.

Mathieu

Vendredi 15 mars 2019 : Mathieu n’a pas pu lire son texte, faute de temps. Il est peu intervenu sur le texte des autres.

Camille

Vendredi  15 mars 2019 : N’a pas pu passer faute de temps. Ses interventions sur les textes des autres membres sont intéressantes. C’est elle, par exemple, qui dit que le texte de Tom a du sens même si c’est du merveilleux comme dans un conte.

 

Pour le sens donné à son texte par Tom