Lesart psychomécanique œuvre dans la filiation du constructivisme et de l’épistémologie génétique de Jean Piaget dont la psycho-mécanique du langage de Gustave Guillaume est, selon nous, partie prenante.
Lesart signifie langue, entendance, surdités, apprentissage, recherche, théorie.
Piaget, avec l’assimilation et l’accommodation, processus antagonistes et complémentaires, propose une théorie du développement de l’intelligence qui prend en compte l’activité du sujet. C’est le sujet qui construit sa connaissance au fil de ses interactions. Notre adhésion à l’approche constructive en matière d’apprentissage implique des pratiques de pédagogie active.
Gustave Guillaume, avec sa linguistique opérative, dite psychomécanique, assigne aux catégories grammaticales une fonction fort différente de celle que lui attribue la grammaire scolaire. Par exemple, pour cette dernière, le singulier et le pluriel rendent compte du nombre des objets dont il est parlé. Pour Gustave Guillaume la raison d’être de la catégorie du nombre est de rendre compte de l’opération mentale, du mouvement de pensée de celui qui parle, autrement dit de l’activité du sujet. Le singulier, approche au continu, peut renvoyer à un nombre beaucoup plus important (voire illimité) que le pluriel, approche au discontinu. Que l’on songe à l’homme est un loup pour l’homme et à les hommes sont entrés dans la ville. Par ailleurs, la linguistique guillaumienne permet d’embrasser dans un même cadre théorique les langues des signes et les langues vocales. En effet, Gustave Guillaume, classe les langues en trois aires –stades de construction du langage– en fonction du mode de construction par le locuteur du vocable. Par exemple, aire prime et caractère chinois, aire seconde et mot arabe, enfin aire tierce et mot français. A cet égard les langues des signes sont des langues de l’aire prime.
L’apprentissage est au cœur de notre blog, comme le sont la langue des signes française et la langue française.
Nous souhaitons associer pratique et théorie. Nous sommes, tous deux, des praticiens qui menons une recherche depuis une trentaine d’année portant sur la question de l’apprentissage de la langue.
Contre le cloisonnement qui sépare la recherche des pratiques d’enseignement et d’éducation, le blog propose des réflexions et des textes ouverts à toute personne intéressée par le sujet, en évitant de tomber dans la paresse des recettes toutes prêtes et dans le confort de la théorie absconse.
Nous appliquons à nos travaux le principe du tâtonnement expérimental qui est, aussi, un principe de la pédagogie constructiviste auprès des élèves.
Nous avons compris que l’enseignement de la langue était cadenacé par des dogmes jamais remis en question. Or, il faut interroger l’enseignement de la langue à partir de la réalité des apprentissages des élèves. Par exemple, que l’enseignement grammatical ne suive aucune réelle progression en dit long sur l’aveuglement de l’institution scolaire quant aux difficultés rencontrées par les élèves. Par exemple, que l’enseignement linguistique aux jeunes sourds puisse se mener sans prendre en compte la réalité de la mal assurance de la maîtrise du français dans la population sourde surprend. Sauf à comprendre qu’il existe des tabous à renverser et qu’on peut le faire avec des propositions que les praticiens nourris d’une volonté théorique peuvent entrevoir.