Séance 9
29 mars 2019
Neuvième séance avec le groupe des élèves du dispositif s’ouvrir au sens par l’expression OSE :
-suite aux séances précédentes, les élèves reprennent leur texte, en enlevant ce qui avait été repéré comme sans signification pour le texte ou alors incohérent avec le sens qui avait été construit par l’élève ou bien au cours de la discussion entre élèves. C’est donc un nouveau caviardage.
-Chaque élève lit ensuite son texte repris et les autres élèves relèvent sur une feuille un mot ou plusieurs, une expression qu’ils trouvent en lien avec leur texte à eux.
-Avec ces expressions et mots relevés, les élèves sont alors invités à reprendre leur texte en intégrant ces expressions ou mots, pas tous nécessairement, ce qu’ils arrivent à intégrer et qui leur semblent apporter quelque chose à leur texte. Ils les mettent où ils veulent dans le texte mais en revanche ne touchent pas à l’ordre des mots du texte initial. Il faut que ça sonne bien, que ce soit en accord avec le sens ou que ça l’enrichisse. Un temps sera consacré lors de la prochaine séance pour réaliser ce travail.
Observation du travail des élèves :
Estebane
Vendredi 29 mars 2019 : Lors de la reprise de son texte, Estaban n’a pas retenu exactement les suggestions de caviardage. Il se trompe donc sur la fin du texte, avant de le rétablir lors du suivi personnalisé et suite à mes interrogations sur son texte. Esteban a vraiment besoin d’être accompagné pour réaliser sereinement le travail. Il comprend bien, mais la présence de l’adulte décuple sa concentration, sinon il part en rêverie. Je remarque que dans le groupe OSE, il n’a jamais l’attitude fréquente qu’il présente en classe : un refus de prendre la parole devant le public, les yeux deviennent mi-clos sa voix s’évanouit en murmure. Cela n’est jamais arrivé durant les séances du dispositif OSE.
Noah
Vendredi 29 mars 2019 : On se rappelle (journal VII) que le 15 mars, Noah avait du mal à prendre de la hauteur par rapport à son texte. Aujourd’hui, durant le suivi personnalisé je redemande à Noah de me dire ce que son texte signifie (« qu’est-ce que tu imagines dans ta tête ? »). Là, je m’aperçois que Noah a intégré la discussion qui avait eu lieu sur son texte, donc deux semaines avant :
- « Noah– je m’imagine … un monsieur… il achète du hasard, après il arrive à al ville, du coup il y a des maisons avec des ruelles, c’est une maison, une ruelle, une maison, une ruelle [etc.] et après ils vont sur la terrasse
- L’enseignant– la fin de ton texte, tu l’interprètes comment ?
- – Ils sont dans la ruelle, ivres, ils ont trop bu »
Voici le texte repris de Noah, les barres obliques marquant le retour à la ligne de ce texte vertical : « Ne sachant / que faire de son corps / cet homme / venait / de / se payer / le hasard. / Près / des maisons / cette nuit / nous irons / sur la terrasse. / Une ruelle / devait être ivre. » On voit que Noah a ajouté de la ponctuation pour suivre les unités sémantiques du texte.
Noah a été rétif à intégrer les mots des autres. Mais lors de la reprise avec intégration de son texte, il a demandé à certains élèves de relire leurs textes.
Naoly
Vendredi 29 mars 2019 : Naoly a amélioré son texte en y apportant la ponctuation adéquate. Elle a été très accueillante aux mots des autres. Naoly est ouverte sur le monde, elle offre sa parole et écoute celle d’autrui.
Tom
Vendredi 29 mars 2019 : Lors du suivi personnalisé, il m’a fallu interroger patiemment Tom sur la ponctuation de son texte. Il n’avait rien intégré. J’ai dû donc reprendre avec lui la diction du texte, lui demander quand il s’arrêtait et qu’est-ce quel signe de ponctuation il fallait mettre pour montrer qu’on s’arrêtait quand on lisait. Ensuite, il a rectifié une erreur orthographique que je lui montrais, là aussi, on a pris le temps pour qu’il en vienne lui-même à la voir.
Tom a oublié un mot lorsqu’il a lu son texte repris
Paloma
Vendredi 29 mars 2019 : absente
Mathieu
Vendredi 29 mars 2019 : Pour la cinquième mise en page, Mathieu a choisi de mettre son texte horizontalement et non verticalement. Pourquoi ? La consigne excluait pourtant un tel remaniement d la mise en page ; d’ailleurs, il est le seul à l’avoir fait. Mathieu a vraiment du mal à se concentrer sur ce qui lui est demandé, peut-être à se concentrer tout court. Surtout, il n’arrive pas à se dire à lui-même qu’il ne comprend pas. Un exemple : à l’avant dernière séance (séance 7 du caviardage), lorsque Noah a lu son texte, c’était à Mathieu de dire ce qu’il comprenait :
« Mathieu -…. … …
- L’enseignant : tu ne comprends pas le texte de Noah ?
- – oui, j’ai compris… …
- – Qu’est-ce qu’il y a dans ce texte ? Quelles images te viennent dans la tête ?
- – … …
Je demande à Noah de répéter son texte. Noah le lit une nouvelle fois
- – Alors, qu’est-ce qu’il dit ce texte ? Qu’est-ce que toi tu retiens ?
- – Quelqu’un qui se paye le hasard ? »
La dernière réplique montre, par le tour interrogatif employé, que Mathieu met en doute non pas tant ce qu’il affirme que la pertinence de la formule du texte de Noah. C’est une nouvelle fois une difficulté de décentration qui s’accuse ici.
En revanche, et c’est porteur d’espoir pour sortir Mathieu de ce qui l’enferme, Mathieu va prendre des mots des textes des autres élèves.
Camille
Vendredi 29 mars 2019 : J’ai passé du temps avec Camille lors du suivi personnalisé. En interrogeant son texte, Camille en est arrivée à saisir des incohérences laissées dans son texte (Mise en page n°3). En l’invitant à chercher, à fouiller son texte, Camille a caviardé de nouveau son texte ce qu’atteste la mise en page n°5. Il suffit d’épauler Camille pour qu’elle ose prendre une initiative scripto-graphique (mise en page, raturage, écriture). Il faut aussi, l’inviter toujours à revenir au sens. Elle tend à chercher un moyen mécanique pour œuvrer sur son texte, ce qui est, pourtant, une procédure qui nuit à la réalisation de version cohérente de ses textes du point de vue de la signification.